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Araneus diadematus

L'Épeire Diadème...

...s'est installée chez moi, dans mon salon, le dernier jour d'octobre, sans prévenir ni demander la permission. Elle reste cependant très discrète et ne nous a pas encore attaqués. Sage décision vu qu'elle ne mesure que 2cm et demi toutes pattes déployées. Elle semble pacifique et a tissé sa toile (30 cm de diamètre, tout de même) sur le cadre d'un miroir, sur un plan elliptique parallèle à la glace dans laquelle son reflet montre son dos en même temps que l'on voit son ventre. Elle s'y tient immobile, bien au centre, immensément patiente, attendant quelque insecte imprudent et pas trop gros qu'elle puisse ligoter puis boulotter tranquillement. N'y ayant aperçu ces dernières mois que quelques rares moucherons, je doute que mon salon soit suffisament abondant en gibier pour assurer sa subsistance.

 


Paris, octobre 2014

V Araneus à bougé, je l'ai vue pour la première fois quitter le centre de sa toile, pour aller s'affairer sur
un des bords éloignés.
Elle en a augmenté considérablement la superficie, le diamètre approchant maintenant les 40 cm. Pas de proie en vue, elle semblait plutôt occupée à l'entretien de son outil de travail, qu'elle consolidait par l'adjonction habile de soies nouvelles.

 


___Catastrophe ! Un coup de balai malencontreux a sectionné une soie porteuse de sa toile qui s'est effondrée brutalement. Araneus, paniquée, s'est agitée frénétiquement un moment, avant de s'immobiliser pour constater les dégats. Elle reste maintenant prostrée sur les restants de sa toile, sans doute affligée à l'idée de devoir en recommencer la laborieuse édification.

 


 

___Araneus est restée prostrée sur les décombres de sa toile deux jours entiers. Puis, son courage revenu, elle l'a reconstruite dans la nuit, cette fois en évitant les points d'attache trop vulnérables. Elle trône de nouveau au centre, dans l'attente d'une quelconque proie. Depuis dix jours qu'elle est là, je ne l'a pas vue manger quoique ce soit. Pour me faire pardonner la malencontreuse destruction de son outil de travail, j'ai tenté de la nourrir en lui proposant un tout petit morceau de jambon suspendu au bout d'un fil à quelques millimètres de sa toile. Elle n'y accorda aucune attention. J'en conclus donc que les araignées ne mangent pas de porc. C'est peut-être religieux...

 


 

__Il me faut bien admettre que je ne connais pas grand-chose aux us et coutumes de notre invitée... Que mange-t'elle ? Est-elle mâle ou femelle ?
J'ai remarqué qu'en cet automne 2014, elle est présente en grand nombre à Paris, où je l'ai croisée à plusieurs reprises dans différents endroits, notament dans la cour d'un immeuble rue Léon à Barbes, autour d'un gros buisson où j'en comptais plus d'une dizaine assez grosses. Voici l'une d'entre elles qui fait bien deux fois le volume de mon araneus domestique.
__Et en septembre 2013 une nuit j'avais surpris celle-ci accrochée aux plantes de la fenètre du salon. J'y vis un bon augure puisque ne dit on pas arignée du soir espoir, mais je ne savais pas alors qu'il s'agissait déja d'une épeire diadème, espèce somme toute assez courante dans Paris intramuros, comme je le constate depuis.

 

__Me revient aussi le souvenir de mes lectures de jeunesse, et la mention qu'en fait Hergé dans mon album préféré de Tintin, l'Étoile Mystèrieuse.

 

On voit que l'auteur l'a largement stylisée pour les besoins de son récit.

En bon homo connecticus du 21e siècle, je me devais d'utiliser les ressources extraordinaires de l'internet pour en savoir plus sur mon illustre invitée.

En résumé, selon diverses sources :
"Araneus diadematus, l'Épeire diadème, est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Araneidae. Très commune en Europe et Amérique du Nord, elle est facilement reconnaissable au dessin en forme de croix sur son abdomen. Les individus mâles font moins d'un centimètre alors que les femelles peuvent atteindre deux centimètres et ont un abdomen plus volumineux, de forme arrondie. L'espèce a une durée de vie d'un an. L'Épeire diadème est très peu agressive. Elle peut occasionnellement mordre, mais son venin n'est guère différent d'une piqûre de moustique. Attention parfois l'intensité de la morsure peut atteindre celle d'une piqûre de guêpe.
Au moindre contact d'une proie sur sa toile, l'araignée se précipite, et enveloppe la prise d'un cocon de soie en la faisant tournoyer sur elle-même, puis, comme la plupart des araignées, elle lui injecte les sucs digestifs. De la proie, il ne restera plus que l'enveloppe vide.
On l'appelle aussi araignée des jardins ou araignée porte-croix.
Une légénde rapporte qu’une araignée prise de compassion, pansa de sa toile les plaies du Christ en croix, soulagea ses souffrances et mit son corps meurtri à l’abri des mouches et autres vermines promptes à venir infecter les blessures. Aujourd’hui encore, elle porte sur son dos la croix blanche offerte par le Christ en remerciement des bons soins que l’animal lui prodigua.
Elle est aussi connue pour son cannibalisme sexuel : la femelle mange le mâle après la copulation."

Sources : Wikipedia Spidermanneke

 

Madame Diadème

Araneus serait donc une femelle d'après mes recherches.
En effet on peut clairement voir son épigyne sur une des photo
s.
Combien de maris a-t'elle déjà mangés ?

 

 

__Cela fait maintenant déja deux mois qu'Araneus habite chez nous. Tres discrète, elle n'a mordu personne (car à la différence des guépes, frelons ou autres insectes munis d'un dard, les araignées ne piquent pas mais mordent comme les serpents avec des crochets appelés chélicères) et ne nous cause aucun souci. Elle reste toujours sagement au centre de sa toile à attendre, comme on attend Godot, une hypothétique proie. Mais je suis inquiet pour elle. Je ne l'ai toujours pas vue attraper quoi que ce soit, et ces derniers jours, elle semble avoir maigri. De plus sa toile est bien moins grande et régulière qu'avant, peut-être manque-t'elle d'énérgie pour l'entretenir.


__Araneus semble très affaiblie. Il ne reste plus grand chose de sa toile. Elle bouge très peu. Mes tentatives pour la nourrir au moyen de petits morceaux de nourriture variés acccrochés sur un fil n'ont rien donné. J'ai tenté la viande, les fruits, les legumes, le fromage, mais rien de tout ça ne l'appetait et mes offrandes au matin restaient dédaignées au bout de leur fil. Rien ne vaut une bonne cervelle de mouche ou de délicieuses tripes de mite je suppose. Combien de temps peut-elle jeûner ? Je crains le pire...


__Mes craintes étaient avérées. Ce matin j'ai cherché Araneus du regard et elle n'était plus là. J'imaginais tout d'abord qu'elle était partie vers d'autres contrées plus riches en gibier, mais j'ai trouvé au sol, sous sa toile, son petits corps chitineux recroquevillé et sans vie. J'ai pris, en hommage à son existence furtive et brève, les quelques photos mortuaires ci-dessous.

R.I.P. Araneus Diadematus...

Epeire diadème, Cross orbweaver spider, Araneus diadematus, Paris, 29 octobre - 23 décembre 2014